Extraits du Tome 3 « Le sombre de l’or »

« Cela fait près d’une heure que le jeune couple se trouve dans sa chambre, mais ils prennent leur temps, se contemplant nus l’un et l’autre, peinant à réaliser qu’ils ont enfin le droit de s’aimer charnellement, après toutes ces années chastes. Aucun d’eux n’a jamais fait l’amour, se réservant pour ce jour. Mais maintenant, le passage à l’acte est beaucoup plus difficile qu’ils ne l’imaginaient. Après en avoir rêvé maintes et maintes fois, la réalité leur semble presque abstraite, voir inconcevable. Ils sont enfin là, se regardant dans leur nudité la plus totale, touchant leurs peaux moities par la chaleur de la pièce, dans laquelle la cheminée fait jaillir un feu tamisé, seule lumière autour d’eux, afin de créer une ambiance romantique. Mais cela ne semble pas suffire à les mettre en condition. C’est alors qu’Antios, sans même le réaliser, glisse soudainement sa langue dans la bouche de Darias tandis qu’il l’embrasse. Surprise, la jeune femme recule sa tête, avec un air de dégoût. Puis se ravisant, elle approche à nouveau sa bouche de celle de son époux et le laisse recommencer. Quelque peu maladroite au début, elle commence à trouver cela agréable et se laisse de plus en plus aller, jusqu’à trouver cela délicieux. C’est à cet instant qu’elle ressent une torsion dans le bas de son ventre, comme un appel de son corps exprimant un désir ardent pour cet homme splendide qui caresse sa langue avec la sienne depuis quelques minutes. N’écoutant que son instinct le plus primitif, elle se met alors sur lui à califourchon et le ramène à elle afin de plaquer ses seins contre son torse et que leurs parties intimes se pressent l’une contre l’autre. »

« Alenas se sent soudain prise de reconnaissance, voir même d’estime pour son futur Roi et parvient enfin à le considérer ainsi, dans sa noblesse la plus princière, lui intimant, si ce n’est de l’amour comme il l’aurait espéré, tout du moins un profond respect ainsi que son abnégation. Elle sait combien il sera bon avec son peuple, en tant que souverain, et tout ce qu’il pourra réaliser pour reconstruire le royaume et le mener à nouveau à sa gloire. Grâce à lui, l’Eropie pourra enfin retrouver sa splendeur d’antan, et de cela, elle n’a nul doute. Alors, à sa plus grande surprise, elle le prend par la main pour l’amener à la suivre jusqu’aux jardins au pas de course. Il n’est plus question qu’ils perdent la moindre seconde, leur avenir ainsi que celui du peuple en dépendent. Une fois parvenus à leur destination, la jeune femme ne manque pas de regarder assidûment autour d’elle s’ils ne sont pas épiés, tant les révélations qu’elle s’apprête à lui faire sont tumultueuses. »

« Le voyant là, debout, devant ses yeux et bien vivant, elle ne parvient pas à dire un seul mot. Elle le scrute de haut en bas, regarde ses yeux, sa carrure, chaque geste qu’il fait, chaque ridule de son visage, chaque commissure de ses lèvres. Bien que la mémoire ait commencé à lui faire défaut ces dernières années, elle se souvient de chaque détail entourant le corps et les attitudes de son époux. Elle l’avait tant regardé, nuit après nuit et jour après jour avant qu’il ne lui soit enlevé, que chaque infime parcelle de son être s’était ancrée dans son esprit. Mais jamais, elle n’aurait pensé qu’un jour, elle reverrait ce doux visage et ces yeux si pétillants dans le monde des vivants. Mais c’est bien lui, elle en est certaine, aucun doute ne peut subsister quant à l’identité de cet homme qui se trouve face à elle pour la première fois depuis trente ans. »

« Mon amour, tu m’as sauvée la vie dans cette auberge. Et tu m’as sauvée de toutes les manières que l’on peut sauver un être humain. Tu m’as vue comme telle pour commencer, alors que depuis des années l’on ne me regardait plus que comme un vulgaire morceau de chair. Et tu m’as appris qu’il y avait encore de la bonté dans ce monde. Tu m’as aidée à me rappeler des plus beaux moments de ma vie. Puis tu m’as libérée de mes chaînes et plus fort que tout, tu m’as appris à aimer et à accepter d’être aimée. Tu m’as montré que l’amour est plus fort que tout, que les conventions, les difficultés, les obstacles, les hommes eux-mêmes, puisqu’il parvient à les transcender pour faire ressortir le meilleur de ce qu’ils sont. Alors que le sexe au contraire, ne fait que les rabaisser à l’état de bêtes sauvages lorsqu’il est dénué de sentiments. Je me suis sentie femme pour la première fois de ma vie dans tes bras. Et malgré quatre longues années de prostitution, j’ai découvert avec toi toutes les sensations délectables et charnelles que pouvaient provoquer dans mon corps et tout mon être, tes caresses et tes baisers pleins d’attention et de tendresse. »